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2 août 2009

Un nouveau départ

Uruha__174_

   L’air frais de la nuit caresse mon visage. Ça me fait tellement de bien. J’avais encore besoin de prendre l’air. Ce soir, c’était pire que d’habitude. Mon père ne supporte vraiment pas la voie que j’ai choisie. Ses mots résonnent encore dans ma tête. « Chiyoko, réponds-moi franchement. Tu crois vraiment vivre de ta musique ? Tu n’es bonne à rien ! Tu n’es plus ma fille ! » Ces derniers mots ont été les plus douloureux. Si je ne suis plus sa fille, il valait mieux que je parte. C’est ce que j’ai fait. J’ai pris ma guitare et suis partie de la maison sous le regard satisfait de mon père. Alors c’est a qu’il attendait depuis le début ? Au final, il ne faisait que me supporter. Il ne m’aimait pas. Il jouait la comédie.

   Je me dirige vers le parc de la ville. J’ai besoin de réfléchir. Aller au parc et jouer de la guitare m’aidera.

Une fois arrivée au parc, je m’installe dans l’herbe et joue. Mes doigts glissent sur ma guitare. Ils glissent tous seuls et jouent machinalement mon morceau préféré : « Requiem » de Dué le Quartz, la version acoustique joué par Miyavi. Mes doigts continuent de jouer et mon esprit commence à me quitter. Il part vagabonder ailleurs. Nul ne sait où exactement.

Mes doigts se stoppent et je reviens à la réalité. Bien sûr ! Pourquoi n’y ais-je pas pensé avant ? Je me lève, remets ma guitare sur mon dos et vais à l’endroit qui m’est venu en image.

   Ça y est. J’y suis. De cet immeuble, la vue sur la ville est magnifique. Le vent souffle plus fort lorsque l’on est sur le toit d’un immeuble. Il est plus froid aussi. Ça fait un quart d’heure que je suis là. Mes doigts s’engourdissent peu à peu. Je ne les sens presque plus. J’aimerai qu’il se passe la même chose dans mon cœur. Ne plus sentir la douleur. Ne plus sentir cette tristesse qui me ronge un peu plus chaque jour. J’ai réfléchi et je ne trouve pas de meilleure solution. Personne ne peut m’en empêcher. Si seulement je comptais pour quelqu’un. Mais ça n’est pas le cas. Alors voilà. Je m’avance et m’accroupie près du bord. A cette hauteur, je ne cours aucun risque. C’est parfait.

Je me relève et retire ma guitare de mon dos. Un dernier instant. Juste un dernier morceau à jouer avec toi. Lequel vas-tu choisir ? Je pose mes doigts. Ils décident de jouer « Chiruzu » de The GazettE. Excellent choix Rei13.

   Une fois le morceau fini, je me relève et suspends ma guitare dans le vide. Toi d’abord. Tu mériterais une autre fin mais je ne suis pas en mesure de te l’offrir.

… : Hey ! Qu’est-ce que tu fais ? Tu vas quand même pas balancer cette magnifique guitare !

Je me retourne d’un bond. Je vois une silhouette féminine qui s’approche de moi. Bizarre sa voix n’avait pourtant rien de féminin. Ma visibilité étant plus nette, je vois ce parfait androgyne qui s’approche de moi et qui prend ma guitare.

MOI : Je peux savoir ce que tu fais. Et t’es qui d’abord ?

… : Je m’appelle Takeshima Kouyou. Mais appelles-moi Uruha. Ce que je fais ? Je sauve cette magnifique guitare bien sûr.

MOI : D’accord, laisses-la ici alors.

URUHA : Tu ne m’as pas dit comme tu t’appeles.

MOI : Chiyoko. Mais je ne vois pas l’intérêt puisque je vais disparaître à jamais.

URUHA : Toi aussi alors ?

MOI : Comment ça ?

URUHA : Moi aussi. Je suis ici pour la même raison que toi. Je peux te poser une question ?

MOI : Euh… Oui. Bien sûr.

URUHA : Pourquoi tu veux faire ça ?

MOI : Parce que je ne compte pour personne. Je souffre chaque jour et ça ne fait que grandir au fond de moi. La seule solution que j’ai trouvé c’est celle-là, puisque je ne suis pas capable de trouver quelqu’un pour me faire changer d’avis.

URUHA : Je vois.

MOI : Et toi ?

URUHA : Mon père n’a jamais supporté le fait que je sorte avec un homme et il m’a viré. Du coup, je n’avais plus qu’une seule chose qui me rattaché à ce monde et c’était Aoi. Mais il m'a lâché pour un autre et je n’arrive pas à trouver quelqu’un pour me retenir, tout comme toi.

MOI : Oh ! Finalement on a tous les deux un problème avec nos pères aussi. Toi, avec ton homosexualité et moi, avec la musique.

URUHA : Ma bisexualité s’il te plait.

MOI : Désolée.

URUHA : Et toi c’est la musique son problème ? Bizarre. Tu joue bien pourtant.

MOI : Merci. De toute façon, c’était la dernière fois que je jouais.

URUHA : Peut-être pas.

MOI : Comment ça ?

URUHA : Attends deux minutes.

   Le bel androgyne, Uruha, s’en va et revient quelques minutes plus tard avec une guitare.

URUHA : Voilà. Tu veux bien qu’on joue ensemble ?

MOI : Euh… Pourquoi pas.

URUHA : Génial ! Mettons-nous là.

On prend nos guitares et on s’assoit sur le bord du toit de l’immeuble. Uruha me regarde et sourit. Quel beau sourire ! Je n’ai jamais vu un visage aussi parfait. Mais qu’est-ce que je raconte ? Je suis en plein délire et j’essaye de me rattacher à la première personne qui me porte de l’intérêt. C’est ridicule.

   Je ferme les yeux et me concentre sur ma guitare. On joue et on ne s’arrête pas. C’est comme si nous étions en parfaite harmonie l’un avec l’autre. Mais comment est-ce possible ? Serait-ce parce que nous souffrons tous les deux ? Parce que nous connaissons l’issue de l’autre ? Serait-ce ça ?

Uruha s’arrête de jouer. Je m'arrête et le ragarde.

MOI : Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi as-tu arrêté ?

URUHA : Est-ce que tu ressens la même chose que moi ?

MOI : De quoi tu parles ?

URUHA : Ta façon de jouer a changé.

MOI : Et la tienne aussi, amis ça ne me dis pas de quoi tu parles.

URUHA : Tu as changé d’avis, pas vrai ?

MOI : C’est bien possible, mais comment l’as-tu su ?

URUHA : Je te l’ai dit. Ta façon de jouer a changé. La mélodie que l’on jouait n’était plus remplie de tristesse mais de joie et de réconfort.

MOI : Comment est-ce possible ?

URUHA : On dirait qu’on s’est sauvé l’un et l’autre.

MOI : On dirait bien, mais jusqu’à la prochaine fois.

URUHA : Et s’il n’y avait pas de prochaine fois ? Et si tu venais vivre avec moi ? On se soutiendrait.

MOI : Uruha ? Tu es sûr ?

URUHA : Oui. Allez viens !

   Uruha se lève, me tend la main et me relève. C’est la première fois qu’on me tend la main. La première fois que l’on daigne m’aider. Serait-ce un nouveau départ ?

   Deux âmes en perdition et qui étaient promises à une fin tragique. Deux âmes qui se sont trouvées à temps pour se sauver. Leur destin est maintenant entre leurs mains. Chiyoko et Uruha. Deux êtres destinés à se rencontrer.

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